samedi, novembre 25, 2006

Jean-Jacques Rousseau

Dans la poursuite de mes grandes admirations, j'aimerais cette fois faire l'éloge d'un des plus grands penseurs de langue française: Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Si nos sociétés occidentales sont si avancées sur le plan social, c'est en bonne partie grâce à lui! Cet homme du 18e siècle était assurément en avance sur son temps. On n'a qu'à penser au «Contrat social» et à l'«Émile ou De l'éducation». Dans «Julie ou La Nouvelle Héloïse», il s'est avéré un prosateur exceptionnel, maniant la langue française avec une virtuosité et une efficacité éblouissantes! Il a aussi créé la première grande autobiographie: «Les Confessions». Dans «Les Rêveries du promeneur solitaire», il nous confie les réflexions lumineuses qui surgissent en lui lors de ses promenades dans la nature qu'il aime tant. À l'aube de l'an 2000, on l'a justement désigné comme l'un des cent personnages les plus importants du Deuxième Millénaire! C'est quelque chose! La prose de Rousseau est d'une vivacité peu commune. On a l'impression de l'entendre en le lisant! On croirait même qu'il s'adresse particulièrement à nous, qu'on est son confident! En outre, sa langue est d'une telle richesse de vocabulaire qu'elle pourrait fort bien susciter l'envie des meilleurs linguistes! Lire Jean-Jacques, c'est faire l'expérience d'un grand bonheur de lecture! En alliant l'utile à l'agréable, il nous apprend à penser en le lisant! Au sortir d'un livre de Rousseau, on se sent plus intelligent!

jeudi, novembre 16, 2006

Sur Marcel Proust

Je crois important d'exprimer ici ma profonde admiration pour la grandeur et la richesse de «À la recherche du temps perdu», qui est assurément l'un des sommets de la littérature mondiale! L'essence de la nature humaine y est décrite avec une finesse inégalée! Les passions sont analysées avec une rare pertinence. En plus, cette oeuvre est écrite dans un style dont la somptuosité et l'harmonie sont uniques. Mais le tour de force de Marcel Proust, c'est d'avoir créé une oeuvre qui soit tout à la fois essai et roman. L'étoile de cet auteur devenu mythique n'a fait que monter au firmament littéraire depuis surtout la parution de la brillante étude d'André Maurois intitulée «À la recherche de Marcel Proust». Aujourd'hui, non seulement le considère-t-on généralement comme le plus grand écrivain français, mais on le perçoit de plus en plus comme l'Einstein de la littérature.
Dans la «Recherche», le Narrateur (Marcel) est un être irrésolu qui songe à devenir écrivain, mais, comme il doute de son talent et est en proie à la procrastination, son projet subit un ajournement perpétuel. Pourtant, dans «Le Côté de Guermantes», son ami Robert de Saint-Loup ose lui dire: "Si j'avais vos dispositions, je crois que j'écrirais du matin au soir." Cet aveu d'un ami très cher le touche sûrement en ébranlant le doute qui le hante sur son talent d'écrivain, mais pas au point de «se mettre à la tâche». Il doit résoudre ses contradictions internes avant de «passer à l'action».
La «Recherche» est un livre protéiforme. C'est l'«Encyclopédie du genre humain». Les thèmes suivants y sont étudiés très lucidement: littérature, philosophie, psychologie, sexualité, art, musique, histoire, politique. On y traite aussi de la souffrance et de la mort. Bien d'autres facettes de la Réalité y sont abordées; il serait hasardeux de tenter de toutes les énumérer! Toutefois, on ne peut ignorer le thème de la «Mémoire», qui est le fondement de l'architecture proustienne!
Proust nous enseigne également que la Réalité ne se compose pas d'une juxtaposition de contrastes, mais ressemble plus à un kaléidoscope de couleurs très voisines les unes des autres: la nuance est sa caractéristique fondamentale! Parmi les passions humaines décrites par Proust, l'amour, et son corollaire la jalousie, tiennent une place décisive. Pour lui, ces deux aspects de la vie affective sont indissociables. Selon Proust, il n'y a pas de rose (l'amour) sans épines (la jalousie). Le sentiment amoureux n'est jamais exempt de cette crainte de l'infidélité de l'être aimé, c'est-à-dire de la perte de la réciprocité exclusive que demande ce sentiment. Donc, il n'y aurait pas d'amour véritable qui soit parfaitement serein. Dans «Le Temps retrouvé», conclusion de la «Recherche», Proust traite de la finalité de la vie humaine. Le Narrateur (Marcel) découvre enfin les secrets qui vont lui permettre d'entreprendre la rédaction de son livre. Il va réaliser sa «vocation», qui est de créer. Si l'on devait résumer cet immense roman en une seule phrase, ce serait celle-ci: "Marcel devient écrivain." Donc, le but de toute vie consiste à identifier d'abord, puis accomplir ensuite en actes le potentiel qui est l'«essence précieuse» de chacun. Génial! Cette lecture déterminante pour chacun propose le plus grand des bénéfices: la révélation de soi! Car lire la «Recherche», c'est lire en soi-même! Monsieur Proust, merci de nous avoir donné ce «miroir de l'âme» qu'est «À la recherche du temps perdu»!

mercredi, novembre 08, 2006

«Portrait de femme»

ROMAN DE HENRY JAMES
J'ai le goût de vous faire part de toute mon admiration pour le grand romancier américain Henry James. Je le connaissais jusqu'à récemment par sa seule réputation. Or, je me suis finalement décidé à lire une de ses oeuvres majeures: «Portrait de femme». Je ne l'ai pas regretté, je vous assure! Je me suis même demandé pourquoi je ne l'avais pas lu plus tôt. Sa grande force réside dans la finesse de l'analyse psychologique. Cet homme avait une profonde connaissance des motivations humaines. Quant à son style, il est d'une clarté éblouissante!
«Portrait de femme» est l'histoire d'Isabel Archer, une jeune bourgeoise non conventionnelle. Cette Américaine est brillante, a une solide culture et dégage un charme fou! Les prétendants ne manquent pas! À la suite du décès de son père, sa tante, qui vit en Europe, lui rend visite. Au fil de la conversation, cette dernière lui propose de l'accompagner pour son retour en Europe. Il s'agit d'élargir son horizon culturel par le voyage. Elle accepte. Cette décision va changer sa vie. Ses périples à travers l'Europe l'enchantent. Des propositions de mariage flattent son ego. Ces demandes sont faites par des hommes tout à fait bien. Au départ, le mariage était pour elle une option exclue. Toutefois, comme il lui plaît, elle se laissera courtiser par un homme très cultivé et aux manières impeccables: Gilbert Osmond. Puis, malgré les avertissements de personnes de son entourage, elle consent finalement à l'épouser. En bout de ligne, elle regrettera amèrement sa décision en découvrant que son mari, qui ne l'aime pas, l'a marié pour son argent.
Dans «Portrait de femme», Henry James se révèle un maître dans la description de la psychologie des principaux personnages et de leurs interactions. La netteté de sa vision est stupéfiante! Quand on l'a entrepris, on ne le lâche plus! C'est un bonheur de lecture constant! Il s'agit d'un grand écrivain! J'entrevois déjà le plaisir lié à la lecture de ses autres romans! Ça promet!

vendredi, novembre 03, 2006

Hommage à Balzac

J'aimerais ici exprimer toute mon admiration pour Honoré de Balzac (1799-1850), assurément l'un des plus grands écrivains de tous les temps! Sa connaissance profonde de la nature humaine en fait un grand psychologue. Son goût pour la philosophie (entendue comme instrument pour chercher un sens à la vie) en fait un remarquable penseur! «La Comédie humaine», cette oeuvre monumentale de la littérature, est un objet constant d'émerveillement pour qui veut mieux comprendre l'Homme et son devenir. Dans sa vie, il avait en adoration les femmes, même s'il les trouvait parfois cruelles. Cette vie demeure peut-être son «roman» le plus prodigieux! On a peine à imaginer aujourd'hui le travail colossal auquel Balzac s'est livré pour écrire son oeuvre (rédaction et nombreuses révisions). D'ailleurs, il en est mort prématurément, à 51 ans seulement! On pourrait dire qu'il a donné sa vie à son oeuvre, pour que celle-ci soit immortelle! Or, voici l'hommage que lui a rendu Victor Hugo lors de sa sépulture, le 22 août 1850: "L'homme qui vient de descendre dans cette tombe était de ceux auxquels la douleur publique fait cortège. [...] Aujourd'hui, le deuil populaire, c'est la mort de l'homme de talent; le deuil national, c'est la mort de l'homme de génie. Messieurs, le nom de Balzac se mêlera à la trace lumineuse que notre époque laissera dans l'avenir. [...] M. de Balzac était un des premiers parmi les plus grands, un des plus hauts parmi les meilleurs. [...] Tous ses livres ne forment qu'un livre, livre vivant, lumineux, profond, où l'on voit aller et venir, et marcher et se mouvoir, avec je ne sais quoi d'effaré et de terrible mêlé au réel, toute notre civilisation contemporaine, livre merveilleux que le poète a intitulé «Comédie» et qu'il aurait pu intituler «Histoire» [...]; livre qui est l'observation et qui est l'imagination; qui prodigue le vrai, l'intime, le bourgeois, le trivial, le matériel et qui, par moments, à travers toutes les réalités brusquement et largement déchirées, laisse tout à coup entrevoir le plus sombre et le plus tragique idéal. [...] Voilà l'oeuvre qu'il nous laisse, oeuvre haute et solide, robuste entassement d'assises de granit, monument! Oeuvre du haut de laquelle resplendira désormais sa renommée. Les grands hommes font leur propre piédestal, l'avenir se charge de la statue. [...] Hélas! Ce travailleur puissant et jamais fatigué, ce philosophe, ce penseur, ce poète, ce génie a vécu parmi nous de cette vie d'orages, de luttes, de querelles, de combats, commune dans tous les temps à tous les grands hommes. Aujourd'hui, le voici en paix. Il sort des contestations et des haines. Il entre le même jour dans la gloire et dans le tombeau. Il va briller désormais au-dessus de toutes ces nuées qui sont sur nos têtes parmi les étoiles de la patrie!" Qu'ajouter de plus? Hugo a tout dit, et dans les meilleurs termes! Un génie salue un génie! Parmi les biographies essentielles, il faut mentionner celles de Stefan Zweig, Maurice Bardèche, Henri Troyat et Pierre Sipriot. Les études sur son oeuvre foisonnent toujours. Il a d'ailleurs inspiré de nombreux écrivains postérieurs. Balzac est un sujet inépuisable!

mercredi, novembre 01, 2006

Éloge des femmes rondes

Êtes-vous, comme moi, de plus en plus exaspérés par le foisonnement de magazines de mode où la couverture est occupée par une jeune fille «anorexique» à peine sortie de l'âge de la puberté et n'ayant que la peau et les os? Cette image de la supposée beauté a des effets dévastateurs sur la psychologie des adolescentes quant à l'appréciation de leur physique, surtout lorsqu'on sait que 90% de celles-ci ne répondent pas à ce modèle de mannequin. Qui sont ceux qui nous imposent ce modèle, et pourquoi? Vaste question qu'il serait intéressant de creuser! Quant à moi, comme de nombreux hommes, je préfère infiniment les femmes «bien en chair», aux rondeurs invitantes et à la poitrine généreuse. Je pense, par exemple, à ces superbes femmes rayonnantes de santé qu'a peintes le grand Rubens, comme "Les Trois Grâces", qui débordent de sensualité! Je les trouve incomparablement plus «sexy» et désirables que ces squelettes ambulants que l'on impose comme modèles aux jeunes filles. Il faudrait trouver des moyens médiatiques pour contrer chez ces jeunes filles cette folie de l'obsession de la minceur et leur faire comprendre qu'un poids-santé n'a rien à voir avec une minceur cadavérique, d'autant plus qu'avec leurs belles rondeurs, elles plaisent tellement plus aux yeux de nombreux hommes! Il faut donc faire bouger les mentalités! Ce texte est ma contribution en ce sens.
[Peinture de l'illustration: «Le Bain turc» (1852-1859), par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867)]