samedi, avril 14, 2007

Le prince des humanistes

Érasme de Rotterdam (1469-1536), ce grand humaniste de la Renaissance, est, sans contredit, le penseur, l'érudit et le polémiste le plus important et le plus célèbre du début des Temps modernes! L'actualité de sa pensée est renversante! C'est le premier penseur «moderne»! Stefan Zweig a écrit à son sujet: "Sa plume était son sixième doigt." (Stefan Zweig, Érasme) On pourrait donc affirmer que l'activité intellectuelle était le centre de la vie de cet humaniste hollandais! Il traduisait sa vision du monde dans ses écrits. Et quelle vision! À commencer par «L'Éloge de la Folie» (qu'il aurait écrit à cheval!). Dans ce livre «inclassable», Érasme donne la parole à la Folie, pour mieux nous faire voir celle des hommes! C'est une critique brillante (à l'humour incisif) des travers humains. S'y retrouvent: le sceptique et le croyant, le pauvre et le riche, le laïc et le clerc, le sage et le sot! Personne n'y échappe! La lucidité de sa vision est assurément celle d'un sage! Le succès immédiat du livre étonna l'auteur lui-même! Dès sa parution en latin, on l'a traduit en français. On le traduira dans de nombreuses autres langues! Étonnamment, Érasme considérait qu'il ne s'agissait que d'une fantaisie qu'il s'était permise. C'est pourtant cet ouvrage intemporel qui lui a assuré une gloire immortelle! Son humour brillant a traversé les siècles et ravi des générations de lecteurs, qui ont pu rire sainement d'eux-mêmes et de leur entourage.
«Les Colloques» sont l'autre ouvrage qui a conforté la réputation d'Érasme. Cette oeuvre permet de suivre son évolution historique ainsi que son aventure spirituelle. Il y pratique l'animation des idées par des personnages contemporains que des spécialistes identifieront comme des amis d'Érasme, et parfois lui-même! Y sont exposés les problèmes sociaux, politiques et religieux de son temps. Pour ce faire, il emploie une forme dramatique qu'il teinte d'une verve satirique. La forme populaire de ces dialogues permet à l'auteur une grande liberté de langage et d'esprit! Ce sera aussi un succès considérable!
Érasme a été un grand théoricien de la pédagogie, mais, curieusement, il n'aimait pas le métier de professeur! C'est l'un de ses paradoxes! Il a toutefois donné une orientation humaniste et chrétienne à sa pédagogie et sa philologie.
En conclusion, voici ce qu'en dit Jean-Claude Margolin dans son essai «Érasme par lui-même»: "[...], malgré le clair-obscur qui enveloppe une partie de son oeuvre et plus d'une page de son existence, un axe lumineux oriente les recherches et profile sur lui la problématique érasmienne: l'axe de la pédagogie. «Philosophe du Christ», militant de la paix, peintre satirique des moeurs de son temps, observateur ironique des folies humaines, admirateur fervent des sages et des saints qui n'ont jamais outrepassé la mesure de l'homme, Érasme peut à bon droit se prévaloir du titre de précepteur de l'humanité, [...]." Peut-on écrire un plus bel hommage? Par sa plume alerte et son propos toujours pertinent, Érasme est et restera toujours un bienfaiteur de l'humanité, et l'un des plus grands!
Note: «Portrait d'Érasme» par Hans Holbein (1523) [Londres, National Gallery]

1 commentaire:

Anonyme a dit...

merci pour toutes ces informations précieuses.
Très bonne critiques des ouvrages d'Erasme