samedi, avril 14, 2007

Blaise Pascal

Blaise Pascal (1623-1662): tout à la fois grand moraliste, grand écrivain et grand scientifique! Un génie multiforme comme il y en a eu très peu dans l'Humanité! Le 17e siècle français peut s'enorgueillir à juste titre de l'avoir vu vivre! Malgré sa brièveté (39 ans), son existence ici-bas a pourtant marqué de façon indélébile la pensée humaine!
Comme scientifique, il a «inventé» la géométrie projective, le calcul des probabilités et la physique expérimentale. À 19 ans, il conçoit une machine arithmétique, préfiguration de la calculatrice d'aujourd'hui! En avance de trois siècles!
Sa vie a été jalonnée de problèmes de santé; il a donc connu dans sa chair la souffrance physique, lot indissociable de la condition humaine, sur laquelle il a si pertinemment réfléchi.
Pascal s'est toujours jeté dans le travail avec une hâte prémonitoire. Il entame un nouveau domaine avec soudaineté; toutefois, dès qu'il en a assimilé les premiers principes, il s'en détourne pour en aborder un autre, pressentant que ceux qui jouiraient d'une vie plus longue que la sienne seraient mieux en mesure de mener plus loin ses travaux. Il voyait clair!
Voici un extrait des «Pensées» qui illustre bien son génie de penseur et d'écrivain:
"Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté; qu'il éloigne la vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers; que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit, et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à l'égard de celui que ces astres, qui roulent dans le firmament, embrassent."
Toujours dans «Les Pensées», voici comment il considère le divertissement comme «palliatif» à l'ennui: "Qui ne voit la vanité du monde est bien vain lui-même. Aussi qui ne la voit, excepté de jeunes gens qui sont tous dans le bruit, dans le divertissement et dans la pensée de l'avenir. Mais ôtez leur divertissement, vous les verrez se sécher d'ennui. Ils sentent alors leur néant sans le connaître, car c'est être bien malheureux que d'être dans une tristesse insupportable aussitôt qu'on est réduit à se considérer et à n'en être point diverti." N'est-ce pas d'une lucidité stupéfiante? Quelle justesse de vision sur la nature humaine!
La lecture de Pascal n'a pas laissé indifférents les écrivains postérieurs importants. Voici ce qu'écrivait Diderot à son sujet: "Élégant écrivain et raisonneur profond, il eût sans doute éclairé l'univers, si la Providence ne l'eût abandonné à des gens qui sacrifièrent ses talents à leurs haines." Quant à Jean D'Ormesson: "C'est un génie universel. Il est dépassé comme savant. Il est indépassable comme écrivain."
Jacques Attali, biographe remarqué de Pascal, écrit: "Tous les grands philosophes, en commençant par Aristote, sont des scientifiques, et Pascal fut à la pointe de la science mathématique, physique, chimique de son époque. Pascal est certainement l'intellectuel le plus extraordinaire de tous les temps. Je dis intellectuel car, pour moi, il n'y a pas d'intellectuel qui n'écrive dans une langue simple et claire, et Pascal est d'abord un grand écrivain, un génie qui invente véritablement la langue française."
C'est par l'écriture que Pascal créait sa pensée. Et quelle écriture! C'est justement par la beauté de l'expression qu'on atteint à une hauteur de pensée! Et Pascal y excellait!
Son oeuvre maîtresse, Les «Pensées», abonde en idées d'une extrême modernité! Par exemple, il y réfléchit sur les limites de la liberté et l'importance du déterminisme. Il y développe un questionnement poussé sur l'absurdité de la vie. Comme cité plus haut, il y remarque l'attitude angoissée des hommes face à la mort, qu'ils essaient de conjurer par le divertissement. Et l'on sait l'importance démesurée qu'a pris le divertissement de nos jours! Touché, monsieur Pascal! Vous avez tout vu, tout compris!
Pascal a pourtant vécu une immense solitude. Il avait une surprenante capacité à vivre et à travailler dans la douleur, étant constamment malade. C'est dans cette vie austère qu'il a élaboré une Oeuvre qui reste comme l'un des phares de l'Humanité. Monsieur Pascal, nous ne vous serons jamais assez reconnaissants! Merci de nous avoir éclairés!

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