lundi, novembre 24, 2008

L'amour saphique

«Le Sommeil» (1866), par Gustave Courbet (1819-1877), est, à coup sûr, l'un des sommets de l'art de ce grand peintre. Pour moi, il s'agit même de l'une des illustrations les plus éblouissantes de l'érotisme le plus pur! C'est quand il peint la femme que l'art de Courbet fait preuve de sa plus grande originalité. Ses nus à la chair bien ferme et vive contrastent avec les «nymphes blanches et lisses» de la peinture dite académique. Pour cette raison, ce tableau a choqué bien des observateurs contemporains trop prudes, qui le jugeaient trop «réaliste». Courbet a peint ici deux types de beauté féminine également désirables. Pour ces deux amantes, c'est le sommeil après l'amour. Quant à moi, cette peinture évoque justement une symbiose parfaite de l'érotisme et de l'amour. Du très grand art, à un rare degré de perfection! J'oserais même affirmer que cette oeuvre de Courbet s'avère peut-être le plus magnifique tableau de la peinture française!

jeudi, novembre 20, 2008

L'Homme des Lumières

François-Marie Arouet, qui s'est fait connaître sous le pseudonyme de Voltaire (1694-1778), est, par excellence, l'«Homme des Lumières»! Lui et son éternel rival, Jean-Jacques Rousseau, s'avèrent les deux grands précurseurs de la Révolution française. Voltaire est «l'homme de la raison», alors que Rousseau est «l'homme du sentiment». Ces deux points de vue semblaient inconciliables à l'époque (les deux philosophes se détestaient cordialement!), alors qu'aujourd'hui on les voit plutôt comme complémentaires.
Voltaire a été le grand pourfendeur de la superstition et du fanatisme! Toutefois, son «zèle» devenait parfois excessif, voyant même dans un sincère sentiment religieux le germe du fanatisme. Son anti-christianisme en est probablement le meilleur exemple. Voici ce qu'en dit René Pomeau dans son ouvrage sur Voltaire: "Cette horreur de la passion religieuse est le mobile psychologique de son grand combat contre le christianisme. On retrouve ici ce même effort pour substituer la raison au sentiment. Voltaire voudrait qu'au christianisme, religion passionnelle, succédât une religion froide, analogue à celle des lettrés de la Chine. [...] Le seul enthousiasme que permette Voltaire est celui qui naît de la contemplation céleste. Le Dieu de Voltaire est celui de Newton, manifesté par l'harmonie des sphères, Dieu sensible à l'esprit, non au coeur. Voltaire n'admet que cette forme purifiée du sentiment religieux; mais il l'admet."
En philosophie, Voltaire s'est passionné pour les questions du libre-arbitre et du scandale du mal. Le tremblement de terre de Lisbonne (1755) l'a profondément bouleversé. Il y constate que la Nature peut nuire à l'homme. L'évolution de sa pensée l'amènera alors à rédiger Candide (1759), conte magistral (l'un des plus célèbres de la littérature française!), où Voltaire exprime le mieux sa vision personnelle du monde, qui va de l'optimisme à la désillusion.
En littérature, il y a deux domaines où Voltaire n'a pas brillé: la poésie et le théâtre. C'est uniquement par la prose qu'il donne sa pleine mesure! Citons encore René Pomeau: "Ceux qui se délectent dans les moiteurs de l'âme ne peuvent pas aimer cette vivacité décharnée, même dans les proses où elle triomphe. Il n'est pas douteux que le meilleur Voltaire est le Voltaire prosateur. Parce qu'alors il cesse de guinder la forme, son élan affectif le porte au genre de perfection qui est le sien, perfection non de l'ordre, mais du mouvement endiablé. Dans les genres où il se contraint le moins, pages de polémique, lettres, contes, il est éblouissant parce qu'il n'y pense pas. C'est ici qu'il obtient de ces réussites d'expression qui, comme celles de Racine, défient l'analyse: pensée, sentiment et forme étant indiscernables."
En conclusion, c'est encore René Pomeau qui mérite d'être cité: "Il a une envergure de pensée qui fait défaut à un Saint-Simon; ses expériences sont plus variées, ses curiosités plus étendues que celles de Montaigne. C'est une fête pour l'esprit que de retrouver toutes les matières, ou peu s'en faut, de la culture humaine, repensées et exprimées, au cours d'un long «propos» de plus d'un demi-siècle, par l'un des hommes les plus intelligents et les plus vivants qui aient jamais été."

PRINCIPALES OEUVRES
Voltaire a énormément écrit. Son corpus le plus considérable est assurément sa Correspondance. Sa taille est «monstrueuse», comportant pas moins de 13 volumes à ce jour dans l'édition de la Bibliothèque de la Pléiade. Il y traite de tous les sujets imaginables avec une verve stylistique qui n'appartient qu'à lui!
Ses «Romans et contes» sont à lire absolument! Toute sa pensée s'y manifeste!
Ses autres oeuvres importantes sont: «Lettres philosophiques», «Dictionnaire philosophique», «L'Affaire Calas», «L'Essai sur les moeurs» et, traitant de l'Histoire, «Le Siècle de Louis XIV».

[Portrait: «Voltaire à 24 ans» (1718), par Nicolas de Largillière (1656-1746)]


lundi, novembre 17, 2008

Harmonie parfaite

On sent une harmonie parfaite entre ces deux femmes prenant leur bain. Ce tableau, «Gabrielle d'Estrées et sa soeur», l'un des plus célèbres du monde, représente Gabrielle d'Estrées (à droite) et sa soeur, la duchesse de Villars. Le geste de cette dernière signifie que Gabrielle est enceinte. Cela est confirmé par l'arrière-plan, où l'on aperçoit une servante en train de coudre une layette.
Rappelons que Gabrielle d'Estrées (v.1570-1599), femme d'une exceptionnelle beauté, était la maîtresse en titre d'Henri IV. La « presque reine » était: "blonde, dorée, d’une taille admirable, d’un teint d’une blancheur éclatante." (Mademoiselle de Guise). François Bluche la décrit ainsi: "blonde aux yeux bleus, aux sourcils admirablement dessinés, avenante et potelée." Par sa grande beauté, son destin singulier et sa fin tragique (dans laquelle certains ont voulu voir un empoisonnement, voire la main du diable!), Gabrielle d'Estrées a fasciné tant ses contemporains que la postérité. Ainsi, Agrippa d’Aubigné, d'habitude avare de compliments, salua en elle celle qui poussa le roi à rédiger et signer l’«Édit de Nantes»: "C’est une merveille, comment cette femme de laquelle l’extrême beauté ne sentait rien de lascif, a pu vivre en reine plutôt qu’en concubine tant d’années et avec si peu d’ennemis. Les nécessités de l’État furent ses seules ennemies."
Cette magnifique peinture, qui l'a immortalisée avec sa soeur, est de l'École française de Fontainebleau et date environ de 1594. Le clacissisme, ici, atteint à la perfection! Une merveille!

samedi, novembre 15, 2008

La beauté à cheval

De John Collier (1850-1934), peintre britannique, voici «Lady Godiva» (1898). L'audace de ce personnage célèbre, qui ose montrer à tout venant la splendeur de son corps parfait, hé bien, cette audace est tempérée par l'expression de cette superbe jeune femme, qui suggère plutôt une attitude de pénitente! D'où l'ambivalence apparente de la scène! On comprend son expression quand on connaît la raison (très noble) de son geste. Dominé par la couleur écarlate de la monture et le corps gracieux de l'écuyère, l'ensemble du tableau est d'une beauté saisissante! C'est l'oeuvre d'un grand maître!

vendredi, novembre 14, 2008

Jeune fille pensive

Il s'agit ici de «Nude Girl» (1909-1910), de l'artiste britannique Gwen John (1876-1939). Je trouve cette peinture particulièrement touchante! Cette jeune fille nous présente son intimité en toute simplicité. Le modèle, très joli, s'appelle Fenella Lovell. Toute la féminité se retrouve dans ce tableau, qui exprime tendresse et sensualité. Le regard mélancolique de la jeune fille nous interpelle. Splendide!

Superbe Galatée!

La superbe statue de Galatée qui prend vie! Elle pourrait être l'oeuvre de Praxitèle, que l'artiste admirait sans doute. Quel fantasme Pygmalion réalise-t-il par ce mythe célèbre! C'est celui de nombreux hommes! Girodet (1767-1824) nous présente ici un magistral hommage au corps de la femme. Le corps de Galatée semble irradier la lumière de sa perfection! «Pygmalion et Galatée» (1819) est un chef-d'oeuvre absolu! C'est la beauté à l'état pur!

samedi, novembre 01, 2008

Merveilleuse Diane!

Il s'agit de «Diane au bain» (vers 1720-1721), d'Antoine Watteau (1684- 1721). Comme on aimerait être aux côtés de cette déesse pour l'assister! Sa toilette est, pour elle, l'occasion d'une pause, le carquois de flèches à ses côtés indiquant bien que Diane est la déesse de la Chasse. Une merveille!