jeudi, novembre 20, 2008

L'Homme des Lumières

François-Marie Arouet, qui s'est fait connaître sous le pseudonyme de Voltaire (1694-1778), est, par excellence, l'«Homme des Lumières»! Lui et son éternel rival, Jean-Jacques Rousseau, s'avèrent les deux grands précurseurs de la Révolution française. Voltaire est «l'homme de la raison», alors que Rousseau est «l'homme du sentiment». Ces deux points de vue semblaient inconciliables à l'époque (les deux philosophes se détestaient cordialement!), alors qu'aujourd'hui on les voit plutôt comme complémentaires.
Voltaire a été le grand pourfendeur de la superstition et du fanatisme! Toutefois, son «zèle» devenait parfois excessif, voyant même dans un sincère sentiment religieux le germe du fanatisme. Son anti-christianisme en est probablement le meilleur exemple. Voici ce qu'en dit René Pomeau dans son ouvrage sur Voltaire: "Cette horreur de la passion religieuse est le mobile psychologique de son grand combat contre le christianisme. On retrouve ici ce même effort pour substituer la raison au sentiment. Voltaire voudrait qu'au christianisme, religion passionnelle, succédât une religion froide, analogue à celle des lettrés de la Chine. [...] Le seul enthousiasme que permette Voltaire est celui qui naît de la contemplation céleste. Le Dieu de Voltaire est celui de Newton, manifesté par l'harmonie des sphères, Dieu sensible à l'esprit, non au coeur. Voltaire n'admet que cette forme purifiée du sentiment religieux; mais il l'admet."
En philosophie, Voltaire s'est passionné pour les questions du libre-arbitre et du scandale du mal. Le tremblement de terre de Lisbonne (1755) l'a profondément bouleversé. Il y constate que la Nature peut nuire à l'homme. L'évolution de sa pensée l'amènera alors à rédiger Candide (1759), conte magistral (l'un des plus célèbres de la littérature française!), où Voltaire exprime le mieux sa vision personnelle du monde, qui va de l'optimisme à la désillusion.
En littérature, il y a deux domaines où Voltaire n'a pas brillé: la poésie et le théâtre. C'est uniquement par la prose qu'il donne sa pleine mesure! Citons encore René Pomeau: "Ceux qui se délectent dans les moiteurs de l'âme ne peuvent pas aimer cette vivacité décharnée, même dans les proses où elle triomphe. Il n'est pas douteux que le meilleur Voltaire est le Voltaire prosateur. Parce qu'alors il cesse de guinder la forme, son élan affectif le porte au genre de perfection qui est le sien, perfection non de l'ordre, mais du mouvement endiablé. Dans les genres où il se contraint le moins, pages de polémique, lettres, contes, il est éblouissant parce qu'il n'y pense pas. C'est ici qu'il obtient de ces réussites d'expression qui, comme celles de Racine, défient l'analyse: pensée, sentiment et forme étant indiscernables."
En conclusion, c'est encore René Pomeau qui mérite d'être cité: "Il a une envergure de pensée qui fait défaut à un Saint-Simon; ses expériences sont plus variées, ses curiosités plus étendues que celles de Montaigne. C'est une fête pour l'esprit que de retrouver toutes les matières, ou peu s'en faut, de la culture humaine, repensées et exprimées, au cours d'un long «propos» de plus d'un demi-siècle, par l'un des hommes les plus intelligents et les plus vivants qui aient jamais été."

PRINCIPALES OEUVRES
Voltaire a énormément écrit. Son corpus le plus considérable est assurément sa Correspondance. Sa taille est «monstrueuse», comportant pas moins de 13 volumes à ce jour dans l'édition de la Bibliothèque de la Pléiade. Il y traite de tous les sujets imaginables avec une verve stylistique qui n'appartient qu'à lui!
Ses «Romans et contes» sont à lire absolument! Toute sa pensée s'y manifeste!
Ses autres oeuvres importantes sont: «Lettres philosophiques», «Dictionnaire philosophique», «L'Affaire Calas», «L'Essai sur les moeurs» et, traitant de l'Histoire, «Le Siècle de Louis XIV».

[Portrait: «Voltaire à 24 ans» (1718), par Nicolas de Largillière (1656-1746)]


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