Pour Pascal, l'Homme est un «roseau pensant»: il sait qu'il existe, mais l'Univers, lui, n'en sait rien! Pour La Fontaine, ce «roseau» (l'Homme) a plus de valeur qu'un chêne, car il plie, mais ne rompt pas! Je suis un être pensant qui gère difficilement son quotidien, mais qui aspire à atteindre un niveau de conscience supérieur par l'enrichissement intellectuel et l'expérience de vie. Autrement dit, je désire justifier mon existence par la quête de sens, qui est la «grande affaire» de la vie!
Un autre chef-d'oeuvre de William-Adolphe Bouguereau (1825-1905). C'est de l'art au suprême degré, voilà ce qu'on se dit en observant ce magnifique portrait d'une jeune fille en train d'écrire. Une douce sensualité irradie de celle-ci. Son beau regard est légèrement mélancolique. Il s'agit de Une Vocation (1890). Bouguereau a su innover dans la peinture de l'enfance. Pour lui, l'enfant est «roi», c'est-à-dire qu'il le considère comme un être à part entière et qui mérite une place plus importante dans le domaine de l'Art. En honorant par ses peintures l'enfance, Bouguereau a pu, de la sorte, exprimer ces valeurs qui lui sont reliées: l'espérance de la jeunesse, la chaleur du foyer familial, ainsi que l'amour fraternel. L'Art étant ce qui rend le monde supportable, cette peinture d'une jolie jeune fille écrivant en est une superbe illustration réalisée par Bouguereau!
Lapeinture ci-contre est d'une troublante beauté! Cette très belle jeune femme semble apprécier beaucoup la compagnie de ce serpent lové érotiquement autour d'elle. Il s'agit de «Lilith» (1887), de John Collier (1850-1934), peintre britannique. On sent une symbiose entre ces deux êtres pourtant fort dissemblables! Nulle trace de tourments chez Lilith, qui peut rappeler Ève séduite par le serpent. L'artiste s'est inspiré ici d'un poème de Keats intitulé «Lamia», un serpent qui prend la forme d'une belle femme! Le corps de Lilith est d'une perfection hallucinante!
François Mauriac (1885-1970) est assurément l'un des grands écrivains français du 20e siècle. Tout catholique qu'il était, il n'a pas épargné les bien-pensants dans son œuvre. Ses analyses psychologiques sont d'une finesse exemplaire. Lors d'une entrevue qu'il accordait à Fernand Séguin en 1969, dans le cadre de l'émission «Le Sel de la semaine», il avouait très franchement (voire candidement!) ne savoir rien faire d'autre qu'écrire! Un tel aveu de la part d'un Français, ce n'est pas banal! Oui, il savait écrire, ce monsieur! La qualité de sa prose est remarquable! C'est un plaisir en soi de le lire! Le roman qui l'a fait connaître avait un titre assez provocant: Le Baiser au lépreux. Quant à moi, j'ai particulièrement apprécié Thérèse Desqueyroux, Le Désert de l'amour, Le Noeud de vipères et La Pharisienne. Dans ces superbes romans, la bourgeoisie provinciale est fortement critiquée. On pourrait presque parler d'un «règlement de comptes»! En admettant François Mauriac à l'Académie française en 1933, on souligne par là même la profondeur et la justesse de son analyse des passions de l'âme humaine. Dix-neuf ans plus tard, en 1952, ce constat sera internationalement reconnu par la remise du Prix Nobel de littérature. J'aurais aimé fréquenter cet homme, qui n'a pas laissé le succès lui monter à la tête en gardant une certaine modestie qui n'était pas feinte, je crois! Sa société était sûrement très agréable! En terminant, je m'en voudrais de ne pas mentionner la totale admiration de François Mauriac pour Pascal, dont les écrits ont éclairé toute sa vie. Pascal a été un guide pour lui. J'abonde tout à fait dans le même sens! Pascal demeure un penseur exceptionnel! J'estime que l’œuvre de François Mauriac est incontournable pour tout honnête homme, croyant ou non. Le lire, c'est s'abreuver à une rafraîchissante fontaine psycho-spirituelle. Merci, Monsieur Mauriac!
Je suis un être singulier. Ma vie ne me ressemble pas. Je vis plus dans ma tête que dans le tangible ou le concret. La vie de l'esprit tient une place fondamentale chez moi. J'aime les êtres et les idées. J'ai la conviction que l'art, la littérature et la musique embellissent la vie, donc la légitiment.