
dimanche, décembre 17, 2006
Gustave Flaubert

Denis Diderot

Avec Voltaire et Rousseau, Diderot est la troisième figure dominante de ce «triumvirat» du «Siècle des Lumières» en France. J'ai une grande admiration pour cet «écrivain-philosophe» qui, comme Rousseau (dont il était l'ami), nous apprend à penser en le lisant!
Denis Diderot est né le 5 octobre 1713, à Langres. Paradoxe ambulant, il a eu une vie assez bien remplie. Dans de nombreux écrits, d'ailleurs, il conviendra de la complexité et de l'ambivalence de sa personnalité comme de sa pensée: en lui cohabitent un sage et un fou qui, somme toute, vivent en assez bon voisinage! Voici comment lui-même s'envisage sous le masque d'Ariste: "[...] Il s'était particulièrement livré à l'étude de la philosophie. On l'avait surnommé le Philosophe, parce qu'il était né sans ambition, qu'il avait l'âme honnête, et que l'envie n'en avait jamais altéré la douceur et la paix. Du reste, grave dans son maintien, sévère dans ses moeurs, austère et simple dans ses discours, le manteau d'un ancien philosophe était presque la seule chose qui lui manquât; car il était pauvre, et content de sa pauvreté." [De la poésie dramatique, XXII, Des auteurs et des critiques]
Dans un autre texte, il écrit: "J'étais serein, triste, rêveur, tendre, violent, passionné, enthousiaste; mais je ne fus jamais tel que vous me voyez là" [critique du portrait ci-haut de Michel van Loo au Salon de 1767]
Contestataire de l'ordre établi, il a même été emprisonné au Donjon de Vincennes pour avoir écrit la «Lettre sur les aveugles», pamphlet dénonciateur sur la gouvernance de la France. Lors de son incarcération, il a pu bénéficier de la visite de son ami Rousseau, qui lui a apporté un grand réconfort. Il est normal que deux esprits éclairés s'entraident! Quelques années plus tard, ils auront, hélas, une brouille définitive. Toutefois, le respect mutuel demeurera.
Lire la vie et l'oeuvre de Diderot, c'est faire une incursion au coeur de la nature humaine, célébrant ses grandeurs et déplorant ses faiblesses. Diderot aime l'être humain malgré ses contradictions, ou peut-être à cause d'elles! Ses oeuvres de fiction posent des questions fondamentales sur la condition humaine.
Voici deux ouvrages indispensables pour une meilleure connaissance de Diderot et de son oeuvre.
-Diderot par lui-même, par Charly Guyot
-Diderot, sa vie, son oeuvre, par Arthur M. Wilson
vendredi, décembre 15, 2006
Incarnation de la Beauté

mercredi, décembre 13, 2006
Julien Green

Son «Journal» est célèbre, mais, à mon avis, c'est dans ses romans qu'il se révèle le plus, consciemment ou non. On y rencontre des êtres tourmentés comme il l'était lui-même. Pourtant, malgré tout, il adorait la vie! Son questionnement spirituel est fort intéressant, même si l'on ne partage pas sa foi catholique.
Je considère son «Autobiographie» (Partir avant le jour, Mille Chemins ouverts, Terre lointaine, Jeunesse) comme un des plus beaux pans de son Oeuvre. C'est un bonheur de lecture d'une rare intensité! On croit l'entendre lorsqu'il nous fait des confidences. En plus des circonstances factuelles, Julien Green nous y entretient franchement des sinuosités de sa vie intérieure. C'est passionnant! Quant à son écriture, elle réunit la beauté à la clarté! Un écrivain complet, quoi!
Julien Green est né avec le 20e siècle et est décédé presqu'à sa fin! Il a donc traversé tout ce siècle riche en bouleversements de toutes sortes. Catholique fervent, sa condition d'homosexuel a provoqué chez lui de profonds déchirements intérieurs. Son oeuvre en témoigne. On pense surtout à son «Autobiographie» et à son «Journal», documents de premier ordre!
C'est à Paris que Julien Green est né le 6 septembre 1900. Ses parents étaient des Américains du Sud: Edward Green et Mary Hartridge (qui était une très belle femme!). Son père travaillait pour le bureau d'importation d'une firme cotonnière américaine. Julien était le benjamin de la famille. Dans «Partir avant le jour», il raconte que sa mère et ses soeurs aînées décelaient régulièrement la présence de «fantômes» dans la maison. Le «surnaturel» occupera d'ailleurs une place non négligeable dans son oeuvre.
Le jeune Julien a la faculté de tomber en rêverie lors des occasions les plus diverses: une goutte d'eau suintant d'un fil de fer, la résonance d'un nom asiatique, des arbres dans la brume ou la beauté des rires d'enfants. Ces éléments pouvant être chacun les points de départ d'un livre «pur», sans intrigue.
Voici ce qu'il écrit dans «Terre lointaine» (relation de son séjour comme étudiant à l'Université de Virginie) sur l'écriture et lui-même: "Je goûtais un étrange plaisir à écrire de longues pages sur l'éloignement que j'avais pour le monde et sur l'horreur que je finissais par m'inspirer à moi-même. De tout cela rien ne se trahissait au-dehors." Comme je le comprends! Voilà des propos très révélateurs sur l'homme et sa vision des choses.
En 1983, à un âge plus que respectable, il publie aux éditions du Seuil «Frère François», une remarquable vie de saint François d'Assise, l'homme qu'il a le plus admiré! Cet ouvrage est d'une grande beauté formelle et d'une profonde spiritualité! Quant au style, il est d'une pureté et d'une limpidité exceptionnelles! Du Green à son meilleur! D'ailleurs, une magnifique réédition illustrée paraît en 1991.
La passion de l'écriture l'animant toujours à un âge avancé, il publira coup sur coup une «trilogie» du Sud américain qui le hantait depuis longtemps: «Les Pays lointains», «Les Étoiles du Sud» et «Dixie». La maîtrise de l'écriture est toujous parfaite et le propos historique toujours pertinent. Quant à la psychologie des personnages, elle est toujours instructive sur la nature humaine.
En conclusion, je citerai un passage de l'étude de Robert de Saint-Jean sur Julien Green: "Écrire sur le bonheur n'est permis qu'à celui qui a longtemps souffert, parler sereinement de la mort à celui qui en a d'abord ressenti et décrit l'épouvante..." Julien Green reste un mystique cherchant la Réalité ultime (Dieu), regardant plus loin que l'apparent, scrutant l'Invisible... Sa lecture, en ce sens, est lumineuse pour qui a soif d'Absolu!
dimanche, décembre 10, 2006
Marguerite Yourcenar
Le premier de ces livres est constitué des mémoires fictifs de l'empereur romain Hadrien. Elle considère celui-ci comme le représentant parfait du monde gréco-romain de l'Antiquité. Au moyen de l'«instrument d'optique» qu'est l'univers mental de son temps, il s'efforce de jeter sur sa vie le regard le plus lucide possible. Le texte prend la forme d'un long monologue fascinant! Marguerite Yourcenar a été la première surprise par le rayonnement de cet ouvrage, qui a touché un public beaucoup plus large que ce qu'elle anticipait! De plus, les critiques sont unanimement positives! Dans l'une d'elles (celle de Jean Ballard dans Les Cahiers du Sud), on lit: "La qualité de l'expression va de pair avec la qualité de la pensée." Voilà la marque d'une très grande écrivaine!
Le second livre relate la vie et les réflexions du philosophe-médecin-alchimiste Zénon, personnage inspiré en bonne partie par Érasme et Paracelse. Elle imagine Zénon "maigre, indestructible, sec et ardent". Cet homme a une vision différente des êtres et des choses. Comme il vit à une époque (Renaissance) où la liberté de pensée est inexistante, il doit se comporter avec la plus grande discrétion, car, à ce moment-là, il était fort risqué d'exprimer des idées opposées à la pensée dominante. Étant lui-même athée, on comprend sa prudence, les flammes du bûcher ne l'attirant pas particulièrement! Aussi, il ne fait de confidences sur sa vie intérieure qu'aux amis en qui il a une absolue confiance.
Chacun de ces deux livres est une fabuleuse plongée dans les couches les plus profondes de la nature humaine, révélant ses splendeurs, mais aussi ses abjections. On y traite également de façon lumineuse des questions reliées au sens de la vie.
Madame Yourcenar a toujours rejeté les étiquettes d'«optimiste» ou de «pessimiste» qu'on a pu vouloir lui accoler. Elle a toujours revendiqué la lucidité! Dans «Les Yeux ouverts» (série d'entretiens avec Matthieu Galey), elle explique justement sa pensée avec une clarté éblouissante! Elle y traite d'elle-même et de tous les aspects de la réalité qui lui tiennent à coeur. Je crois que sa façon de vivre et de penser a magnifiquement mis en pratique ce proverbe oriental: "Avant l'Illumination, porte de l'eau, coupe du bois; après l'Illumination, porte de l'eau, coupe du bois!"
Marguerite Yourcenar publie en 1936 chez Grasset «Feux». Il s'agit de neuf «proses lyriques» inspirées de mythes grecs. L'auteure révèle qu'elle tente d'y dessiner «une certaine notion de l'amour». Elle avoue aussi qu'il s'agit de «transpositions d'une expérience personnelle». Ce recueil est d'une beauté et d'une profondeur peu communes! On peut donc affirmer que Madame Yourcenar était aussi une grande poétesse doublée d'une grande moraliste!
Mentionnons qu'elle a obtenu le prix Femina 1968 pour «L'Oeuvre au Noir», au premier tour et à l'unanimité. C'était la première fois depuis la création du prix, en 1904. C'est grâce à la conviction et à la persévérance de Jean d'Ormesson que Marguerite Yourcenar a été élue à l'Académie française le 6 mars 1980. Elle devenait la première femme à pénétrer cette prestigieuse enceinte! Pour qu'on l'élise en dépit des préjugés reliés au sexe féminin, il fallait qu'elle ait une stature exceptionnelle, et c'était assurément le cas! Je la considère comme l'un des phares pouvant nous guider sur le chemin de la vie!
samedi, novembre 25, 2006
Jean-Jacques Rousseau

jeudi, novembre 16, 2006
Sur Marcel Proust

Dans la «Recherche», le Narrateur (Marcel) est un être irrésolu qui songe à devenir écrivain, mais, comme il doute de son talent et est en proie à la procrastination, son projet subit un ajournement perpétuel. Pourtant, dans «Le Côté de Guermantes», son ami Robert de Saint-Loup ose lui dire: "Si j'avais vos dispositions, je crois que j'écrirais du matin au soir." Cet aveu d'un ami très cher le touche sûrement en ébranlant le doute qui le hante sur son talent d'écrivain, mais pas au point de «se mettre à la tâche». Il doit résoudre ses contradictions internes avant de «passer à l'action».
La «Recherche» est un livre protéiforme. C'est l'«Encyclopédie du genre humain». Les thèmes suivants y sont étudiés très lucidement: littérature, philosophie, psychologie, sexualité, art, musique, histoire, politique. On y traite aussi de la souffrance et de la mort. Bien d'autres facettes de la Réalité y sont abordées; il serait hasardeux de tenter de toutes les énumérer! Toutefois, on ne peut ignorer le thème de la «Mémoire», qui est le fondement de l'architecture proustienne!
Proust nous enseigne également que la Réalité ne se compose pas d'une juxtaposition de contrastes, mais ressemble plus à un kaléidoscope de couleurs très voisines les unes des autres: la nuance est sa caractéristique fondamentale! Parmi les passions humaines décrites par Proust, l'amour, et son corollaire la jalousie, tiennent une place décisive. Pour lui, ces deux aspects de la vie affective sont indissociables. Selon Proust, il n'y a pas de rose (l'amour) sans épines (la jalousie). Le sentiment amoureux n'est jamais exempt de cette crainte de l'infidélité de l'être aimé, c'est-à-dire de la perte de la réciprocité exclusive que demande ce sentiment. Donc, il n'y aurait pas d'amour véritable qui soit parfaitement serein. Dans «Le Temps retrouvé», conclusion de la «Recherche», Proust traite de la finalité de la vie humaine. Le Narrateur (Marcel) découvre enfin les secrets qui vont lui permettre d'entreprendre la rédaction de son livre. Il va réaliser sa «vocation», qui est de créer. Si l'on devait résumer cet immense roman en une seule phrase, ce serait celle-ci: "Marcel devient écrivain." Donc, le but de toute vie consiste à identifier d'abord, puis accomplir ensuite en actes le potentiel qui est l'«essence précieuse» de chacun. Génial! Cette lecture déterminante pour chacun propose le plus grand des bénéfices: la révélation de soi! Car lire la «Recherche», c'est lire en soi-même! Monsieur Proust, merci de nous avoir donné ce «miroir de l'âme» qu'est «À la recherche du temps perdu»!
mercredi, novembre 08, 2006
«Portrait de femme»
ROMAN DE HENRY JAMES
J'ai le goût de vous faire part de toute mon admiration pour le grand romancier américain Henry James. Je le connaissais jusqu'à récemment par sa seule réputation. Or, je me suis finalement décidé à lire une de ses oeuvres majeures: «Portrait de femme». Je ne l'ai pas regretté, je vous assure! Je me suis même demandé pourquoi je ne l'avais pas lu plus tôt. Sa grande force réside dans la finesse de l'analyse psychologique. Cet homme avait une profonde connaissance des motivations humaines. Quant à son style, il est d'une clarté éblouissante!
«Portrait de femme» est l'histoire d'Isabel Archer, une jeune bourgeoise non conventionnelle. Cette Américaine est brillante, a une solide culture et dégage un charme fou! Les prétendants ne manquent pas! À la suite du décès de son père, sa tante, qui vit en Europe, lui rend visite. Au fil de la conversation, cette dernière lui propose de l'accompagner pour son retour en Europe. Il s'agit d'élargir son horizon culturel par le voyage. Elle accepte. Cette décision va changer sa vie. Ses périples à travers l'Europe l'enchantent. Des propositions de mariage flattent son ego. Ces demandes sont faites par des hommes tout à fait bien. Au départ, le mariage était pour elle une option exclue. Toutefois, comme il lui plaît, elle se laissera courtiser par un homme très cultivé et aux manières impeccables: Gilbert Osmond. Puis, malgré les avertissements de personnes de son entourage, elle consent finalement à l'épouser. En bout de ligne, elle regrettera amèrement sa décision en découvrant que son mari, qui ne l'aime pas, l'a marié pour son argent.
Dans «Portrait de femme», Henry James se révèle un maître dans la description de la psychologie des principaux personnages et de leurs interactions. La netteté de sa vision est stupéfiante! Quand on l'a entrepris, on ne le lâche plus! C'est un bonheur de lecture constant! Il s'agit d'un grand écrivain! J'entrevois déjà le plaisir lié à la lecture de ses autres romans! Ça promet!

«Portrait de femme» est l'histoire d'Isabel Archer, une jeune bourgeoise non conventionnelle. Cette Américaine est brillante, a une solide culture et dégage un charme fou! Les prétendants ne manquent pas! À la suite du décès de son père, sa tante, qui vit en Europe, lui rend visite. Au fil de la conversation, cette dernière lui propose de l'accompagner pour son retour en Europe. Il s'agit d'élargir son horizon culturel par le voyage. Elle accepte. Cette décision va changer sa vie. Ses périples à travers l'Europe l'enchantent. Des propositions de mariage flattent son ego. Ces demandes sont faites par des hommes tout à fait bien. Au départ, le mariage était pour elle une option exclue. Toutefois, comme il lui plaît, elle se laissera courtiser par un homme très cultivé et aux manières impeccables: Gilbert Osmond. Puis, malgré les avertissements de personnes de son entourage, elle consent finalement à l'épouser. En bout de ligne, elle regrettera amèrement sa décision en découvrant que son mari, qui ne l'aime pas, l'a marié pour son argent.
Dans «Portrait de femme», Henry James se révèle un maître dans la description de la psychologie des principaux personnages et de leurs interactions. La netteté de sa vision est stupéfiante! Quand on l'a entrepris, on ne le lâche plus! C'est un bonheur de lecture constant! Il s'agit d'un grand écrivain! J'entrevois déjà le plaisir lié à la lecture de ses autres romans! Ça promet!
vendredi, novembre 03, 2006
Hommage à Balzac

mercredi, novembre 01, 2006
Éloge des femmes rondes

[Peinture de l'illustration: «Le Bain turc» (1852-1859), par Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867)]
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